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Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/293

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LA VIE RURALE.

Nul chef-d’œuvre ici-bas ne vaut le grain de blé !
Qu’il aille donc, ce fils qu’à veiller Dieu nous donne,
Qu’il aille vivre aux lieux où l’atmosphère est bonne ;
Qu’il grandisse, affranchi du poids des longs travaux,
Parmi les jeunes daims et les jeunes chevaux ;
Fier, la crinière au vent, qu’il mesure sa force
À gravir le rocher et l’arbre à rude écorce,
À chevaucher les bœufs qui vont à l’abreuvoir,
À donner les bons coups comme à les recevoir !
Tel homme dont l’histoire a gardé l’ombre illustre,
Longtemps, fils du vallon, ne fut qu’un joyeux rustre.
Le collége en plein vent fut toujours le meilleur.
« Sois libre ! » dit l’oiseau. « Reste pur ! » dit la fleur ;
Et l’herbe qui fleurit, l’abeille qui bourdonne,
Instruisent mieux l’enfant que toute une Sorbonne.

Ce fut dans un jardin, paradis enchanté,
Seul et trop court berceau de la félicité,
Qu’un jour l’homme reçut, comme il venait de naître,
Sa première leçon de Dieu son premier maître.
Écartant les rideaux fermés à l’œil humain,
Dieu parut, Dieu le prit lui-même par la main,
Dieu lui fit visiter cet enclos de délices,
Et partout lui montrant les fleurs aux doux calices,