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Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/308

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LES TRISTESSES DU TEMPS.


Hélas ! hélas ! tu vois jusques à l’évidence
Partout l’abaissement, partout la décadence ;
Dans l’honneur, dans la foi, dans les cultes divers,
Dans les arts, dans les mœurs, et jusque dans les vers !

Ce peuple qui jadis, tu t’en souviens peut-être,
N’apprenait à ses fils que la haine du maître ;
Qui, farouche, au soupçon du joug le plus clément,
Épouvantait les cieux de son rugissement ;
Maintenant moins sauvage et pris d’un autre zèle
Tu le vois caresser quiconque le musèle ;
Il était las enfin de son règne orageux ;
Il ne demande plus que du pain et des jeux.
Au soleil de ce siècle, à ses vents délétères,
Où sont, hélas ! hélas ! les fermes caractères ?
Ô vieux sol généreux, ô patrie, ô berceau
Des Molé, des Bayard, des graves Daguesseau ;
Ô terre qui donnais jadis, fière marraine,
Bossuet à l’Église, à la guerre Turenne,
Qu’as-tu fait des grands cœurs et des fronts radieux ?
Olympe dévasté, qu’as-tu fait de tes dieux ?
Par quels hôtes nouveaux, sous tes sacrés portiques,
Mère, as-tu remplacé les possesseurs antiques ?
Si parfois, d’un regard, j’explore tes palais,