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LA VIE RURALE

Sublimes dévoûments, sacrifices austères,
Poésie, art sacré : qu’on ne leur parle plus
De ces flambeaux éteints, de ces dieux vermoulus !
Leur âme et leur encens vont à d’autres idoles,
Et leurs pires amours ne sont pas les frivoles !
C’en est fait, tout s’en va, tout meurt de jour en jour ;
Toute religion décline, tout amour
S’éteint, toute vertu suit la pente suprême ;
Tout s’abaisse et décroît, jusqu’au vice lui-même !

Ce vice d’autrefois, démon presque charmant,
De la séve des cœurs fiévreux débordement,
Qui, même au regard froid du sage qui l’accuse,
Dans ses propres excès trouvait comme une excuse ;
Ce vice des beaux jours, aimable aventurier,
Gentilhomme souvent et jamais roturier,
Qui, de joyeux duels mêlant ses mascarades,
Payait toujours fort cher ses moindres algarades ;
Qui, le jour, s’entourait de chiens et de faucons,
Qui, la nuit, gravissait l’échelle des balcons,
Et d’un palais ou deux, royal en son ivresse,
Achetait le baiser d’une folle maîtresse ;
Tu le vois désormais, dernier surcroît d’ennui.
Prudent comme un notaire et rangé comme lui ;