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LA VIE RURALE.

Elle n’a jamais eu, même dans les grands jours,
Qu’un jupon de futaine à plis simples et lourds,
Qui n’exagère pas les contours de la hanche.
Son petit bras mignon sort d’une toile blanche ;
Ses petits pieds charmants ont des souliers de bois.
J’en fais l’aveu pourtant, on put voir une fois
Pendre sur sa poitrine un collier, une chaîne :
Il était fait de glands ramassés sous un chêne !
Sa quenouille à la main, dans quelque ancien tableau,
As-tu vu Geneviève assise au bord de l’eau,
Et d’un rayon du ciel, dans l’ombre, illuminée ?
Ma bergère ressemble à cette sœur aînée ;
Elle a ce charme exquis et virginal, cet air
Sauvage, un peu timide et pourtant presque fier ;
Elle a… Mais je m’arrête et n’ai pas le courage
D’achever le profil sur cette froide page.
Difficile secret, celui de faire voir !
Est-ce que la parole eut jamais ce pouvoir ?
Est-ce que la couleur dont l’écrivain se vante
N’est pas toujours de l’encre épaisse et décevante ?
Non, la ligne qui fuit, non, le rapide éclair,
L’accent, le chaud reflet de l’âme sur la chair,
Tout ce je ne sais quoi dont se compose un être,
Tout cela n’appartient qu’au peintre, qu’à toi, maître,