Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/395

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
384
LA VIE RURALE.

Il conte maintenant ta gloire et tes merveilles :
« Rien n’égale, dit-il aux badauds du pays,
Le faste qu’il a vu de ses yeux ébahis.
Claude était dans un char incrusté de dorures ;
Trois laquais suivaient Claude, ornés de chamarrures ;
Claude, pur de tout hâle, avait ce teint vermeil
Qu’ont les gens bien nourris et dormant leur sommeil ;
Il portait à son doigt, ce grand homme de Claude,
Un éclair, soit rubis, soit brillante émeraude !
Tandis que ses chevaux longeaient les boulevards,
Claude enfin promenait aux vitres des bazars
Un coup d’œil nonchalant et fier, qui semblait dire :
« Je n’ai qu’à désirer, je suis dans mon empire.
« Saluez-moi, je règne et me nomme l’Argent ! »
Au village ameuté, voilà ce que dit Jean ;
Et chacun se souvient du temps où ton jeune âge
Jouait dans le pays un autre personnage,
Quand, nu-pieds, tu pillais les vignes du canton,
Et revenais, souvent, bleu de coups de bâton.

C’est bien ; des jeux du sort montré comme un exemple,
Sois le fier parvenu que la ville contemple,
Possède une maison et des chevaux de prix,
À quoi te sert pourtant ce superbe Paris ?