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LE VERGER.


« À toi, dit l’écolier, à toi, Pierre, et sois leste !
À toi, Rose ! à deux mains ouvre ton tablier.
Jeanne ! ton frais butin n’est pas le plus modeste.
Enfin, toi, cher petit, que j’allais oublier,
                   Attrape ce qui reste ! »

De ce petit, hélas ! qui tend la main trop tard,
L’espérance est déçue, et l’écolier s’en joue.
Mais Rose, tendre cœur et limpide regard,
Vient à lui, dont les pleurs déjà mouillent la joue,
                   Et lui donne sa part.

Non loin, sur le banc vert, immobile en sa pose,
La mère voit le groupe et reste l’admirant :
Et, tandis que son cœur tout entier s’y repose,
L’ombrelle sur son front, asile transparent,
                   Jette un beau reflet rose !

Auprès d’elle, un oiseau perche dans le buisson,
Gai bouvreuil dont la voix donne toute sa gamme :
La mère, à ce refrain, sent comme un doux frisson,
Et croit du bonheur pur qui chante dans son âme
                   Entendre la chanson !