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LA VIE RURALE.


Pénétrant au salon d’un pas aérien,
Son familier bonjour y devance le mien.
Elle a du mot charmant l’art et le privilége.
Moi, j’hésite et me tais : d’ailleurs, que lui dirais-je ?
Quand on tremble du cœur, on tremble de la voix.
Des nouvelles du jour, un moment toutefois,
Nous causons. Messager qui monte de la plaine,
Ce matin, le facteur est venu la main pleine.
L’entretien suit sa pente, il effleure au hasard
Les deux grands intérêts, la politique et l’art :
De son sommeil, dit-on, cygne qui se réveille,
Rossini rêve encor sa prochaine merveille…
Hugo médite un drame au bord des vastes mers.
Préférez-vous sa prose ? aimez-vous mieux ses vers ?…
Qu’est devenu le temps où chantait Lamartine ?…
L’errante causerie, abeille qui butine,
Ainsi vers toute fleur promène son essor.
Enfin, l’heure au cadran sonne de sa voix d’or.

Ayant rompu le pain sur la table modeste,
Au soleil de midi, la maison fait la sieste.
Silence et quiétude : à peine un tiède vent
Soulève la persienne en éventail mouvant.
Il répand, sous le toit où son souffle pénètre,