Page:Autran - Œuvres complètes, t2, 1875.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
68
LA VIE RURALE.

Je me sens comme pris d’une vague démence.
Celle qui tient mon cœur, peut-être à son insu,
Sous son paisible toit celle qui m’a reçu,
Quelle est-elle ? me dis-je. Ô créature étrange,
Est-ce une argile humaine ? Est-ce une forme d’ange ?
L’aveu que je contiens, demain, si je le dis,
Va-t-elle m’emporter dans quelque paradis ?
Ou, de ce rêve d’or fait en pleine lumière,
Me laisser retomber dans l’ombre et la poussière ?…
Ainsi la nuit s’envole, ainsi, de jour en jour,
Je vais m’alanguissant à l’air de ce séjour.
Pourrai-je enfin briser ce charme qu’elle ignore ?
Pour le salut, peut-être, il reste une heure encore :
L’espace est toujours libre et voici le chemin.
Partirai-je ce soir ?… Ne partons que demain !