Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/178

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Il passait à travers la Gaule et l’Aquitaine,
Et touchait à la fin la Galice lointaine.
Tandis que l’empereur était là, contemplant,
Un héraut se montra, vêtu d’un manteau blanc.
Son visage était doux, son air auguste et calme,
Et, dans sa main brillante, il portait une palme.
« Que fais-tu ? » dit au roi cet hôte sans pareil.
L’empereur répondit : « Je dors, j’avais sommeil.
Quand on a plus marché que les Césars de Rome,
On a, le soir venu, besoin de faire un somme.
J’avais droit au repos, car j’ai bien combattu.
Mais, toi qui m’apparais, parle-moi, quel es-tu ?
— Je suis Jacques, dit-il, le fils de Zébédée,
Un de ceux que Jésus choisit dans la Judée
Pour annoncer son Verbe aux nations. C’est moi,
Moi, frère de saint Jean, qui vins porter la loi
Aux peuples de Galice, et qui, dans la contrée,
N’ai plus, depuis longtemps, qu’une tombe ignorée.
Les païens, ennemis du Christ, notre Seigneur,
Ayant proscrit sa loi, me laissent sans honneur ;
Et j’admire comment, toi, vainqueur de la terre,
Tu ne viens pas encor leur déclarer la guerre,
Conquérir la Galice, un royaume si beau,
Et dresser à ma cendre un plus digne tombeau.