Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/190

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Que fais-tu, malheureux ?… En vain tu combattras !
Ferragus le saisit et le mit sous son bras,
Et l’emporta chez lui de la même manière
Qu’un moine, en cheminant, porte son bréviaire.
Le comte de Milan subit le même sort.
Quiconque s’avançait était un homme mort.
C’est alors que Roland, fils de Milon d’Anglure,
Se leva, secouant sa blonde chevelure,
Et dit : « Il est grand temps fût-ce à coups de bâton,
De rabaisser un peu l’orgueil de ce glouton ! »

Prenant pour toute armure une veste de soie
Légère, et brandissant Durandal qui flamboie,
Il courut au géant, qui, ferme, l’attendit.
Ils tombèrent en garde et le fer se tendit.
Leurs forces n’avaient pas de grande différence :
Si bien que le géant et le cadet de France,
Sans boire ni manger, sans aide ni secours,
Sur l’herbe de ce pré ferraillèrent trois jours.

Vers le soir du troisième, à l’heure où la colline
Dérobait à demi le soleil qui décline,
Ferragus, l’avant-bras et les jarrets lassés,
Commençait à sentir qu’il en avait assez.