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Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/196

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VI

LES CONVIVES DU ROI

 
UN jour que les deux chefs avaient conclu la trêve,
Tous deux, au bruit du flot qui chante sur la grève,
Ils s’étaient accostés et marchaient en parlant.
L’un était le sauvage et terrible Aigoland,
Le prince des païens ; l’autre était Charlemagne,
Déjà maître à moitié de la terre d’Espagne.
Pendant qu’ils devisaient, côte à côte, en chemin,
Un pauvre s’approcha qui leur tendit la main ;
Et c’était grand’pitié de voir son humble mine.
« Va-t’en, dit le païen, emporte ta vermine !
— Pourquoi parler d’un ton si rude aux pauvres gens ?
Dit alors l’empereur ; soyons plus indulgents.
Toute humaine fortune est changeante et fragile ;
Et ces deshérités, comme dit l’Évangile,