Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/198

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Enfin, plus loin encore, au-dessous des chanoines,
Ces convives en froc, ce sont les simples moines.
— Et ceux-ci ? reprit l’autre, en montrant du regard
Des hommes en haillons, groupe triste et hagard,
Qui, pieds nus, habillés de quelque robe sale,
Pêle-mêle, attendaient dans un coin de la salle.
— Ces derniers conviés, dont tu vois la maigreur,
Ce sont les mendiants, répondit l’empereur,
Ce sont les vagabonds qui, d’une âme inquiète,
Viennent attendre là qu’on leur jette une miette.
— Empereur, dit l’émir, j’étais venu vers toi,
L’esprit ouvert d’avance aux clartés de ta foi.
Désertant Mahomet, je voulais ce soir même,
Recevoir de ta main la faveur du baptême ;
Mais, puisque c’est ainsi que l’on traite en ce lieu
Ceux qui sont, m’as-tu dit, les envoyés de Dieu,
Je sors, n’estimant pas que votre loi chrétienne
Satisfasse le cœur beaucoup plus que la mienne. »

Charles baissa la tête, et dit : « Il a raison. »
Et, depuis ce jour-là, dans sa grande maison,
Pauvres et mendiants, tous ceux que l’on pourchasse,
Furent toujours assis à la première place !