Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/200

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Rassembla ses barons et leur conta son rêve :
Et chacun de ces preux, en quête de danger,
S’offrit pour l’avant-garde et courut s’y ranger.
Là se trouvaient Thibault, à la mine hardie,
Anséis, Angelier, le duc de Normandie,
Gautier de Luz, si beau sous la cuirasse d’or,
Et Guy de Saint-Antoine, et mille autres encor.
Le combat fut livré. Sous l’œil qui les regarde.
Succombèrent au choc tous ceux de l’avant-garde ;
Mais la victoire enfin fut le prix de leur sang,
Et le vieux nom de France en devint plus puissant.

Quand on les enterra, le soir, dans la campagne :
« Honorons ces vaillants, dit le roi Charlemagne :
Ils ont bien mérité l’honneur que je leur rends.
Je veux que leurs tombeaux soient creusés en deux rangs,
Et, quand ils seront là, couchés dans leur silence,
Je veux, sur chacun d’eux, que l’on plante sa lance,
Un souvenir au moins survivra de ces morts. »
On creusa les tombeaux, on étendit les corps,
Et l’on planta sur eux chaque lance de frêne ;
Puis on prit du repos. Or, quand l’aube sereine
A l’orient vermeil apparut toute en pleurs,
Chaque lance était verte et portait quelques fleurs.