Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/204

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« Si tu veux nous servir auprès du roi, ton maître,
Tu recevras un don qui te plaira peut-être :
Vingt chameaux chargés d’or, des faucons, des autours,
Des chiens que le valet mène en laisse, des ours ;
Enfin, pour complément et largesse dernière,
Un grand lion d’Afrique, à la fauve crinière,
Un monstre du désert qui n’a pas son égal.
Il fut pris par Nago, prince du Sénégal,
Qui, l’ayant vu dormant un soir dans les broussailles,
Soudain l’enveloppa dans un filet de mailles.

— Roland, dit l’empereur, parle, conseille-moi.
— Chassez-moi ces gens-là, répond-il à son roi ;
J’ai connu leurs pareils quand j’étais en Asie.
Ma franchise a l’horreur de leur hypocrisie.
Faites-moi balayer jusques à l’horizon
Ces lâches artisans de quelque trahison !… »
Après quoi, s’adressant, d’un geste de menace,
A celui qui tantôt lui parlait à voix basse :
« Mon ami, lui dit-il, abrégeons les discours ;
Je n’aime pas les chiens, je n’ai pas besoin d’ours,
Je n’ai pas besoin d’or que la trahison sème,
Ni besoin de lions, car j’en suis un moi-même ! »