Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/224

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Qui m’a longtemps porté, faisant sonner sa corne,
Des champs de Cappadoce à ceux de Californe,
Qui fit trembler l’Araxe au seul bruit de ses pas.
Je m’en séparerais ! Cela ne sera pas.
Non, jamais ; non, jamais ! — Garde-le sans vergogne,
Je garde tes amis, dit le cruel Grandogne.
— Ah ! reprit le héros, c’est m’arracher le cœur !
Prends-le donc, s’il le faut ! Prends ce cheval vainqueur :
Le voilà ! Mais, avant que je perde sa trace,
Une dernière fois souffre que je l’embrasse !… »
Grandogne, à ce discours, prenant le palefroi.
Fit venir Lancelot, Hector et Godefroy :
« Chevaliers, leur dit-il, je brise votre chaîne :
Allez, accompagnez ce noble capitaine. »
Et les trois paladins, l’ayant remercié,
Escortèrent Roland, qui s’en revint à pié.
Lorsqu’il rentra le soir au camp, baissant la tête,
Ce qu’il vit tout d’abord, ce fut sa propre bête.
L’histoire ne dit rien de son étonnement,
Elle explique en deux mots le fait, voici comment :
Aussitôt que Grandogne, écuyer malhabile,
Eut enfourché la bête à la croupe mobile,
Celle-ci, se cabrant et secouant ses crins,
L’avait jeté par terre en lui cassant les reins ;