Page:Autran - Œuvres complètes, t5, 1877.djvu/251

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Il court à la rivière et sur elle s’incline,
Et dans son casque d’or prend un flot ruisselant
Pour en venir laver la face de Roland.

Il revient au baron étendu sur la pierre,
Il verse de cette eau sur sa face guerrière :
« O mon neveu, dit-il, ô mon fils glorieux !
Je suis là, parle-moi ! » Roland rouvre les yeux,
Et, d’un souffle de voix qui faible s’évapore :
« Où donc est Olivier ? Respire-t-il encore ?…
— Il n’est plus, répond Charle. — Ah ! traître Ganelon !
— Que dis-tu ? dit le roi. — Je dis que ce félon
Nous a trahis ! Je dis que ce vil gentilhomme
Nous a vendus, nous a livrés pour une somme !…
Du prince Zurfalou je tiens ce noir secret.
— Perfide Ganelon, tu nous paîras ce trait,
Répond Charles ; mais toi, ne meurs pas, je t’en prie !
Toi, le plus beau fleuron de ma chevalerie !
Amour de notre France, effroi de l’étranger,
Vis pour combattre encore et vaincre et te venger !…
Hélas ! n’entends-tu pas cette voix qui te parle ?
C’est moi, ton empereur, ton ami, ton roi Charle,
Moi qui suis revenu, précipitant le pas
Pour arriver à temps !… Mais non, il n’entend pas !