Page:Auvray - Le Banquet des Muses, 1865.djvu/66

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Quel demon envieux tous les jours te suggere
Les moyens d’ebranlèr le roc de nostre foy ?
Penses tu que la saincte, en qui seule je croy,
Soit infidele autant que tu es mensongere ?

Non, non, vieille sorciere, invente si tu veux,
Mille charmes nouveaux pour dissoudre les nœuds
Dont Cupidon estreint nos amoureuses ames :
Tu feras lors cesser nos honnestes esbats,

Quand tes yeux cesseront d’alumer aux sabats
Dans le sein des démons des impudiques flames.



A UNE LAIDE,

AMOUREUSE DE L’AUTHEUR


Un œil de chahuan, des cheveux serpentins,
Une trongne rustique à prendre des coppies,
Un nez qui au mois d’aoust distille les roupies,
Un ris sardonien à charmer les lutins.

Une bouche en triangle, où comme à ces mastins
Hors œuvre on voit pousser de longues dents pourries,
Une lévre chancreuse à baiser les Furies,
Un front plastré de fard, un boisseau de tetins.

Sont tes rares beautez execrable Thessale,
Et tu veux que je t’ayme, et la flame loyalle,
De ma belle maistresse en ton sein estouffer !

Non, non dans le bordeau vas joüer de ton reste,
Tes venimeux baisers me donneroient la peste,
Et croirois embrasser une rage d’enfer.