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Page:Avenel - Chansons, 1869.djvu/24

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Vous l’avez tous connu, cet enfant de nos monts,
Dont le pied assuré foulait les hautes cimes ;
Nos grands gouffres pour lui n’étaient pas trop profonds ;
Son œil ne tremblait pas au-dessus des abîmes :
C’était le bien-aimé des fertiles vallons.

Entendez-vous vibrer la cloche funéraire ?
À genoux, compagnons, c’est Job qu’on porte en terre.

Hier, il gravissait lentement le chemin
Qui, creusé dans le roc, mène aux montagnes blanches ;
Il suspendit son chant pour me serrer la main,
Et puis il disparut tout joyeux sous les branches
De nos vieux sapins noirs, en disant : à demain !

Entendez-vous vibrer la cloche funéraire ?
À genoux, compagnons, c’est Job qu’on porte en terre.

Demain, ô pauvre Job ! Demain, c’est aujourd’hui !
Brisés par nos sanglots, nous entourons ta bière ;
L’écho de ta chanson dans la montagne a fui,
Pour s’en aller à Dieu comme va la prière,
Quand du fond d’un bon cœur elle s’adresse à lui.

Entendez-vous vibrer la cloche funéraire ?
À genoux, compagnons, c’est Job qu’on porte en terre.

Tes pas n’effrairont plus le timide chamois,
La montagne oublira ta marche cadencée