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intitulée : Le Cure-dent du colonel ; il l’avait composée quelques semaines seulement avant sa mort tragique.


LE CURE-DENT DU COLONEL

Air : Allez-vous-en gens de la noce.


Un zouzou m’a conté naguère
Qu’en Algérie il avait eu
Un colonel né pour la guerre,
Qui s’était toujours bien battu ;
Un matin, qu’en pleine équipée
Ses soldats partaient pour le Tell,
Pour le désert sempiternel,
Ils baptisèrent son épée :
Le cure-dent du colonel..
Cette expression pittoresque
Etait juste ; car, en avant,
Contre la plèbe arbi-mauresque,
Pour entraîner son régiment,
Il lançait son coursier farouche,
L’épée aux dents, les yeux au ciel ;
Et dans cet instant solennel.
On voyait briller à sa bouche
Le cure-dent du colonel.
Electrisé par tant d’audace,
Le zouave emboîtait au galop
Ce guerrier de vaillante race
Dont la victoire était le lot ;
Pour déterrer de ses cachettes
L’Arbi, son ennemi mortel.
Le zouzou, blagueur éternel.
Disait : « Marions-nos fourchettes
Au cure-dent du colonel. »