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Pour improviser une émeute
On lance argousins et mouchards,
Comme on lancerait une meute,
Sur les passants des boulevards.[1]
Sang et punch sont de la fête
Pour messieurs de l’autorité ;
Et c’est à coups de casse-tête
Qu’ils protègent la liberté.

Partout on tue, on emprisonne :
Bicêtre est plein, Mazas s’emplit,[2]
Dans son frac Piétri frisonne,
Et sous son froc Veuilliot pâlit.[3]
Les ratapoils du chauvinisme
Ont bâillonné la vérité,
Et les geôliers du despotisme
Ont mis sous clé la liberté.

  1. On donnait du punch aux agents de police à la Préfecture et dans les mairies. Puis, ils se ruaient sur les promeneurs et les assommaient à coups de casse-tête.
  2. La plupart des Parisiens arrêtés sur le boulevard Montmartre furent enfermés dans ces prisons. (Juin 1869).
  3. Piétri, corse et préfet de police. — Le célèbre critique Sainte-Beuve a dit de M. Louis Veuillot, rédacteur de l’Univers : « On ne réfute pas un écrivain aussi voué, à l’avance, au mépris de l’avenir. »