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LA LIBERTÉ ILLIMITÉE DE LA PRESSE
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chaîne que, par générosité, ils avaient consenti à porter encore, ils peuvent examiner enfin si, pour être libres, ils ont besoin de se donner un roi. » Et il réfute, une à une. les objections classiques contre la République. L’étendue de la France ? Elle est plus favorable que contraire à l’établissement d’un gouvernement républicain, puisqu’elle « ne permet pas de craindre que l’idole de la capitale paisse jamais devenir le tyran de la nation. » Un tyran ? Cornaient pourrait-il s’en établir un avec la division des pouvoirs telle qu’elle existe et surtout avec la liberté de la presse ? Qu’une seule gazette soit libre et l’usurpation d’un Cromwell est impossible. On dit qu’un roi empêchera les usurpations du pouvoir législatif. Mais comment ce pouvoir pourrait-il usurper, s’il est fréquemment renouvelé, si les bornes de ses fonctions sont fixées, si des Conventions nationales révisent la Constitution à des époques réglées ? Il vaut mieux, dit-on, avoir un maître que plusieurs. Mais pourquoi faudrait-il avoir des maîtres ? Aux « oppressions particulières ». il faut opposer, non un roi, mais des lois et des juges.

Néanmoins, la majorité de l’Assemblée législative élu octobre 1791 fut loin d’être républicaine. Les jacobins étaient alors monarchistes et les rares républicains qui furent élus à l’Assemblée cachèrent leur drapeau, ou même, comme Condorcet, renoncèrent provisoirement à établir la République en France. En dehors de l’Assemblée, presque personne ne se disait républicain. Presque aucun journal ne demandait nettement la République. Les Révolutions de Paris étaient presque seules à afficher encore des tendances républicaines.

Chose singulière, ce fut cette Assemblée monarchique qui, sous le coup des nécessités de la défense nationale, après le fameux manifeste de Brunswick, proclame la patrie en danger et résolut de la sauvée sans le roi et. an besoin, contre lui. Les journaux s’accordent alors avec les fédérés des communes de France, avec les sections de Paris, avec l’opinion publique, pour précipiter Louis XVI du trône. Le républicanisme, on l’a dit avec raison, naquit de l’exaspération du patriotisme

La journée fameuse du 10 août proclama la vacance de la royauté. Il y eut jusqu’au 22 septembre une sorte d’intérim innommé. Le nom du roi fut effacé de tous les titres, de tous les actes, de tous les emblèmes officiels ; le pouvoir fut exercé par an comité exécutif au nom de la nation française.