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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/132

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HISTOIRE DE LA PRESSE FRANÇAISE

le retour de la royauté. — Constitution du 5 fructidor an III (22 août 1795) ; caractère provisoire de toute loi limitant la liberté de la presse.
Le Directoire. — Loi des 27 et 28 germinal un IV (16 et 17 avril 1796). — Persistance du Jury à acquitter les journalistes poursuivis. — Naissance de nouveaux organes contre-révolutionnaires : le Thé, les Rapsodies du jour, les Actes des Apôtres et des Martyrs, le Miroir, le Grondeur, le Menteur. — Organes neutres : Journal de Paris, Journal des Débats et des Décrets, Clef du cabinet des Souverains, Journal du soir, des frères Chaigneau. — Presse directoriale modérée : Chronique du jour, Moniteur, le Rédacteur, Journal des Défenseurs de la Patrie. — Presse directoriale avancée : l’Orateur plébéien, le Batave, le Journal des Tigres, l’Ami des lois. — Multiplicité et solidarité des journaux royalistes. — Loi sur la répression de la « Calomnie écrite » vivement discutée aux Cinq-Cent » ; remarquable rapport de Daunou ; échec définitif de la loi et licence de plus en plus effrénée de la presse. — Coup d’État du 18 fructidor an V : la presse placée sous l’inspection de la police et frappée d’un timbre fiscal. — Suppression de 11 journaux le 26 frimaire an VI, de 15 journaux le 20 messidor an VI. — Avortement du rapport Berlier et abolition des pouvoirs de police ; excès des feuilles royalistes et jacobines. — Mesures nouvelles contre la presse ; rapport de Sieyès ; déportation à l’Île d’Oléron des propriétaires, entrepreneurs, directeurs, auteurs et rédacteurs de 40 journaux. — Oscillation continuelle de la presse, jusqu’à la fin du xviiie siècle, entre la licence et la servitude.

Le 10 août 1792, la Commune de Paris déclara que le salut public exigeait qu’elle s’emparât de tous les pouvoirs. À l’égard de la presse, elle ordonna, dès le 12 août, la suppression de tous les journaux royalistes, l’arrestation des écrivains qui les rédigeaient et la confiscation des presses servant à leur publication, comme en témoigne le texte même de cette décision, d’après le procès-verbal de la Commune :

« Sur la proposition de l’un de ses membres, le Conseil général arrête que les empoisonneurs de l’opinion publique, tels que les auteurs des divers journaux contre-révolutionnaires, seront arrêtés. et que leurs presses, caractères et instruments seront distribués entre les imprimeurs patriotes, qui seront mandés à cet effet. L’assemblée nomme trois commissaires, à l’effet de se rendre au bureau de l’administration et d’envoi de la poste, pour arrêter l’envoi des papiers aristocratiques, entre autres : le Journal royaliste, l’Ami du roi, la Gazette universelle, l’Indicateur, le Mercure de France, le Journal de la Cour et de la Ville, la Feuille du jour, ouvrages flétris dans l’opinion publique, dont ils empêcheront l’envoi dans les provinces. »

Les dépouilles des vaincus furent réparties entre les journalistes du parti vainqueur, Carra, Hébert, Gersas et quelques autres ; précédent redoutable, qui ne fut que trop suivi dans le cours de la dévolution. En effet, le 10 mars suivant. L’émeute brisa chez Gorsas les presses