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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/37

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le roi lui écrivait du camp avec toute la promptitude désirable, car elles sont généralement datées du soir même des opérations : mais il ne se croyait pas obligé d’accepter tout ce que lui adressait son reporter militaire. Certaines pages du manuscrit sont même absentes de la Gazette.

Le second volume, qui n’a pas encore été retrouvé, doit contenir les articles politiques du roi, ceux qu’il écrivait en secret au Louvre, en collaboration quelquefois avec Richelieu et qu’il faisait porter en cachette à Renaudot.

Quand ce volume sera retrouvé, il fournira le sujet d’un piquant chapitre sur les débuts de la presse française et sur le parti que surent tirer Louis XIII et Richelieu de la « nouveauté » introduite par Théophraste Renaudot[1].

Il faut le reconnaître, c’était une entreprise bien difficile que de publier une gazette, dans ces temps reculés, où les moyens de communication étaient si rudimentaires. Renaudot le comprit et il sollicita la bienveillance de ses lecteurs contemporains. « Si la crainte de déplaire à leur siècle, dit-il, a empêché les bons auteurs de toucher à l’histoire de leur âge, quelle doit être la difficulté d’écrire celle de ta semaine, voire du jour même où elle est publiée ! Joignez-y la brièveté du temps que l’impatience de votre humeur me donne, et je suis bien trompé si les plus rudes censeurs ne trouvent digne de quelque excuse un ouvrage qui se doit faire en quatre heures de jour, que la venue des courriers me laisse, toutes les semaines, pour assembler, ajuster et imprimer ces lignes. En une seule chose ne cèderai-je à personne, en la recherche de la vérité, de laquelle néanmoins je ne me fais pas garant, étant malaisé qu’entre cinq cents nouvelles écrites à la hâte, d’un climat à l’autre, il n’en échappe quelqu’une à nos correspondants qui mérite d’être corrigée par son père le temps[2]. »

  1. Le Petit Temps, supplément au journal le Temps du 8 novembre 1894.
  2. La Gazette fut tour à tour rédigée par les fils, les petits-fils et le neveu de Renaudot, puis par Hellot, Laugier, Meusnier de Querlon, Mouhy, Rémond de Sainte-Albine, Louis de Boissy, Suard et l’abbé Arnaud, Marin, l’abbé Aubert. Son privilège passa successivement entre les mains des héritiers de son fondateur, du président Aunillon, de MM. de Verneuil père et fils, de MM. de Meslé et de Courmont, avant de faire retour au gouvernement qui, par lettres patentes d’août