renfermant dans une solitude virilement acceptée, où se plaisait son âme stoïque et délicate. Il est devenu, sous la troisième république, membre de l’Institut et directeur de l’École normale supérieure.
Ernest Bersot a surtout donné au Journal des Débats des articles de philosophie, de critique littéraire et de pédagogie. Dans sa vie et dans ses œuvres, qui en sont le pur reflet, comme l’a écrit un de ses disciples, Ernest Bersot a été, du commencement à la fin, un libéral, c’est-à-dire un esprit indépendant et mesuré.
C’était un voltairien ; et c’est lui qui a donné du voltairien cette belle définition… a Qu’est-ce qu’un voltairien ? Un Voltairien est un homme qui aime assez à voir clair en toutes choses, en religion et en philosophie, il ne croit volontiers que ce qu’il comprend et il consent à ignorer, il estime plus la pratique que la spéculation, simplifie la morale comme la politique et la veut tourner aux vertus utiles ; il aime une politique tempérée qui préserve la liberté naturelle, la liberté de la conscience, de la parole et de la personne, retranche le plus possible de mal, procure le plus possible de bien et met au premier rang des biens la justice ; dans les arts, il goûte par-dessus tout la mesure et la vérité ; il déteste mortellement l’hypocrisie, le fanatisme et le mauvais goût ; il ne se borne pas à les détester, il les combat à outrance. »
Mais le plus brillant et le plus connu des journalistes des Débats sous le second Empire, ce fut Prévost-Paradol, né à Paris le 8 août 1829 et mort à Washington le 20 juillet 1870, ambassadeur de Napoléon III.
Il avait remporté le I er prix de discours français au concours général en 1848 et le prix d’honneur de philosophie l’année suivante. Entré à l’École normale supérieure, une année après Taine, About et Francisque Sarcey, il en était sorti en 1851.
Mais l’École normale et l’Université étaient alors suspectes et frappées comme la liberté l’était dans le pays. Prévost-Paradol cul peur de la sujétion qui le menaçait dans l’enseignement ; aussi, comme beaucoup de ses camarades, il en sortit et se fit journaliste, après avoir été professeur à In faculté des lettres d’Aix.
Il entra en 1856 au Journal des Débats. Là et au Courrier du Di-