Aller au contenu

Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/66

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
HISTOIRE DE LA PRESSE FRANÇAISE

lesquelles se fondait alors un journal. « On désire depuis longtemps, y était-il dit, un détail exact, circonstancié et impartial des travaux de l’Assemblée nationale, et le moyen d’obtenir des résultats, de l’authenticité desquels on puisse être assuré. C’est dans cette vue que nous offrons au public, dans le Journal des Débats et Décrets, les avantages réunis à la plus prompte expédition possible, puisque l’impression du journal que nous proposons se fait à Versailles, immédiatement après chaque séance… Le journal composé d’une demi-feuille, sera remis tous les matins dans la demeure de MM. les souscripteurs de Paris et de Versailles… Le prix de la souscription est de 9 livres, franc de port pour Paris, et de 10 livres pour tout le royaume, pour deux mois. MM. les députés ne payeront que 6 livres pour deux mois. »

Telles sont les humbles origines des Débats. Leur berceau ne fut pas orné de la moindre fleur de rhétorique. D’ailleurs ils n’aspirèrent à la célébrité et ne commencèrent à être une force qu’après le 18 Brumaire, lorsque les frères Bertin en devinrent les propriétaires.

Toute l’attention du pays, on le voit, se concentra aux débuts de la Révolution, sur les travaux de l’Assemblée nationale ; la légitime curiosité du public donna naissance à la presse politique quotidienne. Que de questions du plus haut intérêt allaient être agitées : la nouvelle organisation administrative en départements, districts, cantons et communes, le veto, le droit de paix et de guerre, les biens du clergé, la réforme des tribunaux, celle de l’armée, celle des impôts, etc. ! On comprend avec quelle impatience de nombreux lecteurs attendaient, et avec quelle avidité ils lisaient les comptes rendus de ces débats immortels.

L’activité intellectuelle se portait tout entière de ce côté ; et beaucoup de rédacteurs gratuits s’empressaient d’aider Les députés dans leur rédaction. Depuis l’ouverture des États Généraux, dit très bien M. Bardoux[1], les jeunes gens voues aux lettres montraient la plus vive ardeur pour assister aux séances. Lorsque, à la suite des journées des 5 et 6 octobre, l’Assemblée nationale fui transférée à Paris, l’empressement n’en devint que plus grand. Pour obtenir une place très disputée dans les tribunes, la jeunesse lettrée se faisait attacher à la rédaction d’un journal. C’est ainsi que Charles Lacretelle entra au Journal des Débats.

  1. Le livre du centenaire du Journal des Débats, p. 10.