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Page:Avenel - Histoire de la presse française, 1900.djvu/68

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HISTOIRE DE LA PRESSE FRANÇAISE

tribune extérieure de l’Assemblée nationale, d’où ils proclamaient les décrets, d’où leur voix remplissait non seulement la place publique, mais tout l’empire, mais toutes les nations ; c’était le levier d’Archimède qui remuait le monde. Les deux cent mille lecteurs de Loustallot sont une preuve qu’il n’était pas au-dessous de cette idée qu’il s’était faite du journaliste. »

Quant à Camille Desmoulins, l’histoire de sa vie est bien connue. On sait qu’il se rencontra sur les bancs du collège Louis-le-Grand avec Maximilien de Robespierre. L’étude des grands écrivains de l’antiquité semble leur avoir inspiré de bonne heure l’idée de fonder une république à l’image de Rome et d’Athènes.

« Les premiers républicains qui parurent en 1789, a écrit Desmoulins lui-même, étaient des jeunes gens qui, nourris de la lecture de Cicéron dans les collèges, s’y étaient passionnés pour la liberté. On nous élevait dans les écoles de Rome et d’Athènes et dans la fierté de la république pour vivre dans l’abjection de la monarchie et sous le règne des Claude et des Vitellius : gouvernement insensé, qui croyait que nous pourrions nous passionner pour les pères de la Patrie, du Capitole, sans prendre en horreur les mangeurs d’hommes de Versailles, et admirer le passé sans condamner le présent ».

Dès l’ouverture des États Généraux, son enthousiasme touche à l’ivresse. Tous les jours il fait le voyage de Versailles, assiste aux séances, applaudit Mirabeau, va diner chez les députés du Dauphiné et de la Bretagne, « qui le connaissent tous pour un patriote, et qui ont pour lui des attentions qui le flattent ». Il demande à Mirabeau « d’être un des coopérateurs de la fameuse gazette de tout ce qui va se passer aux Etats Généraux, à laquelle on souscrit ici par mille, el qui rapportera cent mille écus, dit-on, à l’auteur. »

S’il ne peut devenir rédacteur d’un journal, il va lancer une brochure retentissante. « Il pleut des pamphlets, dit-il, tous plus gais les uns que les autres ; il y a une émulation entre les graveurs et les auteurs à qui divertira le mieux le public. » Mais comment trouver un imprimeur ? Camille Desmoulins n’en trouva qu’après la journée du 14 juillet, qui le rendit célèbre, pour la harangue enflammée qu’il jeta, au Palais-Royal, du haut d’une table, à la foule indignée du