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Page:Aventure n° 2, déc 1921.djvu/13

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l’intransigeance de notre toute cérébrale amitié.

Ainsi étais-je envers vous ; ainsi voulais-je demeurer.

Mais vous, au fait ? Souvent je me suis demandé, si d’écouter les longues phrases dont vous usiez pour exprimer votre méfiance de l’amour et aussi un peu votre mépris, je n’avais pas été dupe de certaine perverse petite comédie. Pourquoi me prendre si étroitement le bras, lorsque vous juriez ne vouloir entre nous qu’une intime communion d’esprit ? pourquoi la liberté de certains gestes ?

Je ne sais plus maintenant s’ils étaient chez vous spontanéité ou coquetterie. Bien des souvenirs me viennent. N’ai-je pas eu tort d’éviter volontairement un amour si naturel entre nous et contre lequel, peut-être, j’étais le seul à lutter ?

Maintenant nous sommes séparés, mon amie. Tant que les absents ne m’ont pas assuré un retour indéniable, je considère l’éloignement où ils sont comme éternel. Alors mis en franchise par cette momentanée certitude, pourquoi ne point parler, Arabelle ? À votre retour — si le hasard veut que vous reveniez — nous nous entendrons pour un mutuel oubli des lettres trop franches, écrites quand nous nous estimions libérés de nécessaires simulacres. Arabelle, je vais avouer pourquoi en vérité j’ai tant voulu ne pas vous aimer.

Il vous souvient, n’est-ce pas, de certaine après-midi que nous avons passé ensemble. Assis près de vous sur le grand divan — l’inévitable divan —