Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/124

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nom du vrai Dieu, je vous salue de même ; mais, je vous en prie, parlez bas. Si on vous entendait, vous risqueriez la vie. Je crois au même Dieu que vous, mais je n’ose pas le dire.

— Ami, dit Huon, dis-moi, qui donc est maître de cette cité ?

— C’est le duc Eudes. Il a jadis été chrétien ; mais il a renié sa foi, et maintenant il est si plein de rage que s’il peut tenir un chrétien, il le fait pendre ou emprisonner.

— Ami, dit Huon, je ne le crains pas ; mais, dis-moi, pourrons-nous trouver à nous loger dans cette ville ? Nous allons à la mer Rouge, et nous cheminons depuis bien des jours ; nous avons besoin d’un peu de repos.

— Beau sire, n’entrez pas dans cette ville, croyez-moi. Si le duc vous y sait, il vous fera jeter dans sa prison, où il y a déjà six-vingts chevaliers chrétiens. Si vous allez à la mer Rouge, je connais un autre chemin, et je m’offre à vous y conduire.