Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/241

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la prise et donner aux chiens ce qui leur revient ; je sais servir à un dîner ; je sais le jeu des tables et celui des échecs si bien qu’il n’est homme qui puisse m’y gagner.

— Arrête-toi là ! dit l’amiral : c’est au jeu d’échecs que je veux t’éprouver.

— Sire, dit Huon, laissez-moi compter jusqu’au bout, puis vous m’éprouverez comme vous voudrez.

— Allons, continue.

— Je sais endosser un haubert, porter la lance au poing et l’écu au cou ; je sais faire courir et galoper un cheval ; je sais entrer dans la grande mêlée, et quand il s’agit de donner de rudes coups, il y en a qui y vont et qui ne me valent pas. Enfin je sais entrer dans les chambres des dames et embrasser les plus belles.

— Voilà bien des métiers, dit l’amiral ; mais je veux t’éprouver aux échecs. J’ai une fille qui en sait plus que personne du monde : jamais on ne lui a dit mat. Si elle te mate, tu auras la tête coupée ; mais