Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/307

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— Naimes, dit Charles, que veut dire cela ? Vous avez bien tort de répandre ainsi mon vin.

— Non, sire, j’ai bien raison. J’enrage de vous voir vous comporter comme vous le faites. Par le corps de Dieu ! à quoi songez-vous ? Êtes-vous venu à Bordeaux pour manger et pour boire ? Il s’agit bien d’autre chose ; il s’agit d’un des douze pairs, que nous avons à juger, et quand nous aurons mangé à bouche que veux-tu et tant bu que nous serons ivres, nous serons bien en état de juger une affaire de vie et de mort ! Par Dieu ! il n’y a pas un homme ici, si je le vois toucher à son vin ou à son hypocras, qui ne perde mon amitié.

— Allons ! dit l’empereur, je ferai ce qui vous plaît. Qu’on ôte les tables.

On les enleva, et le roi fit chercher Huon dans sa prison.

On l’amena avec sa femme et le vieux Géreaume. Tous les trois avaient aux pieds de lourds anneaux de fer.