Page:Aventures merveilleuses de Huon de Bordeaux.djvu/41

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rien. Vous êtes armé, vous avez un bon haubert, et je n’ai que mon bliaud de soie ; vous avez épée et lance, et je n’ai pas d’arme. Épargnez-moi. Nous allons à la cour, où le roi nous a mandés, et si nous vous avons fait quelque tort, nous vous ferons droit au jugement des barons.

— Par Dieu ! dit Charlot, je ne mangerai pas tant que tu seras en vie.

L’enfant Gérard veut tourner son cheval et revenir vers Huon, mais Charlot ne lui en laisse pas le temps. Il pousse son cheval et abaisse sa lance : il frappe Gérard, il perce sa fourrure d’hermine et son bliaud de soie et sa chemise de lin. Le fer traverse la poitrine et d’un grand pied ressort par le dos. Dieu ne permet pas qu’il le tue, mais il le renverse tout sanglant. L’enfant se pâme de la douleur qu’il ressent.

L’abbé de Cluny en le voyant tomber pousse un cri de douleur.

— Beau neveu, dit-il en pleurant, ton frère est mort !

— Sire, dit Huon, c’est grande douleur.