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AMPHIPROSTYLE, ſ. m. Ce mot compoſé de trois autres grecs, traduits ainſi, autour, devant, colonne, ſignifie un Proſtyle qui a deux faces pareilles, c’eſt-à-dire qui a un portail derrière, ſemblable à celui qui n’eſt que devant au Proſtyle. (Arch. de Vitruve, pag. 66. de la Traduction de M. Perrault.) Cette eſpéce de Temple a été particuliere aux Payens. Les Chrétiens n’ont jamais fait de portail au derrière de leurs Egliſes. (Voyez Temple.)

AMPHITHÉATRE, ſ. m. C’étoit chez les Anciens un Bâtiment ſpacieux, rond ou ovale, dont l’arène ou eſpace du milieu étoit entourée de pluſieurs rangs de ſiéges de pierre par degrés, avec des portiques tant au-dedans qu’au dehors. Selon le témoignage de Caſſiodore, ce Bâtiment étoit fait de deux théâtres conjoints. C’étoit une ſorte de ſalle de ſpectacle, où l’on voyoit le combat des Gladiateurs, & celui des bêtes féroces. Le premier qui parut, fut en bois. Statilius Taurus en fit conſtruire enſuite un de pierre dans le champ de Mars, ſous l’Empire d’Auguſte. Cet Amphithéâtre fut brûlé & rétabli ſous Néron. Veſpaſien en bâtit un plus grand & plus ſuperbe. Il fut ſouvent brûlé & relevé : mais de tous ces Amphithéâtres aucun n’eſt comparable à celui du Coliſée. Il pouvoit contenir quatre-vingt ſept mille ſpectateurs. Le fond ou l’enceinte la plus baſſe étoit ovale. Il y avoit au bout de cette enceinte des loges ou voûtes, qui renfermoient les bêtes deſtinées à combattre. Au-deſſous de ces loges appellées caveæ ; dont les portes étoient priſes dans un mur qui entouroit l’arene, on avoit pratiqué une avance en forme de quai, qu’on nommoit podium. Ce podium orné de baluſtrades & de colonnes, étoit une ſorte de longue tribune où ſe plaçoient les Sénateurs, les Magiſtrats, les Empereurs, & le Directeur du ſpectacle & des Veſtales. Cette tribune, quoiqu’élevée de douze à quinze pieds, étoit cependant garnie de rets, de treillis, de gros troncs de bois ronds & mobiles, qui tournoient verticalement, pour en interdire l’approche aux éléphans, lions, léopards, & autres bêtes féroces, qui ſe battoient, & qui malgré l’élévation de la tribune, auroient franchi ces obſtacles, ſi l’on n’eût pratiqué des foſſés tout autour de l’arène, pour les en écarter.

Au-deſſus du podium, il y avoit deux ſortes de gradins : les uns ſervoient pour s’aſſeoir ; les autres plus bas & plus étroits facilitoient l’entrée & la ſortie. des premiers. Ceux-ci ſervoient d’eſcalier & coupoient ceux-là de haut en bas. Cet arrangement formoit des eſpaces entre les précinſions & les eſcaliers, qu’on appelloit coins. Immédiatement au-deſſus du podium étoient des ſiéges occupés par les Chevaliers, qui alloient juſques à la première enceinte : ce qui compoſoit quatorze gradins. Enfin on avoit pratiqué autour de l’Amphithéâtre, deux ſortes de canaux, deſtinés les uns pour décharger les eaux de la pluye, les autres pour tranſmettre des liqueurs odoriférantes, comme une infuſion de vin & de ſafran. Le grand diametre de cette eſpéce de Bâtiment étoit au petit comme 1 ½ à 1.

Cet Amphithéâtre eſt entièrement détruit. Celui de Veſpaſien & celui de Trajan ont eu le même ſort ; & il ne reſte à Rome de ces Bâtimens, que la place qu’on nomme le Champ de Mars. On a pourtant encore quelques veſtiges d’Amphithéâtres dans différens endroits, comme à Albe, à Verone, à Capoue, à Pouzzol, au pied du Mont Caſſin, à Orticoli, à Hiſpella, à Pola, mais ſur-tout à Fréjus, à Saintes, à Autun, à Arles & à Niſmes. Ce dernier ſubſiſte preſque en entier. Il eſt d’Ordre Dorique à deux rangs de colonnes, ſans compter un Ordre plus petit qui le termine par le haut. (On trouvera les Deſſeins de la plûpart de ces Amphithéâtres, en l’état ou ils ſont actuellement, dans l’Antiquité expliquée du P. Montfaucon ; l’Eſſai hiſtorique d’Architecture de Fiſcher, l’Hiſtoire de Niſmes de M. Menard, &c.)

Nous avons dit que les Amphithéâtres étoient une ſorte de ſalle de ſpectacle ou l’on voyoit les combats des Gladiateurs & des bêtes féroces. Les Gladiateurs étoient des eſclaves nuds qui combattoient avec des épées. Celui qui remportoit la victoire, avoit pour récompenſe, ou de l’ar-