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BER — BET


Berceau d’eau. C’eſt un Berceau forme par deux rangées de jets obliques qui ſe croiſent. On ſe promene ſous ce Berceau ſans ſe mouiller. Il y a à Verſailles des Berceaux d’eau dans le boſquet de l’étoile ou de la montagne.

BERGERIE, ſ. f. C’eſt une étable ou parc, où l’on tient les moutons dans une métairie. Elle doit être dans un lieu ſec, & avoir ſon aire un peu en pente. On la couvre d’un comble en pointe, ſoutenu par des piliers de pierre ou de bois, & on l’ouvre par les côtés comme un jeu de paume. Tout cela forme une eſpece de bâtiment aſſez léger, auquel il eſt à propos de faire un plancher, tant pour y mettre les fourrages que pour conſerver les brebis plus chaudement. Pour ſe procurer ce dernier avantage, la meilleure expoſition qu’on puiſſe donner à une Bergerie eſt celle du midi. Lorſqu’on a des brebis, dont la laine eſt fine & précieuſe, on fait l’aire de la Bergerie de planches, & on y pratique des trous pour ſervir d’écoulement aux eaux.

BERGES, ſ. f. pl. Terme des Ponts & Chauſſées. Ce ſont les bords ou levées des rivieres & des grands chemins, qui étant taillées dans quelques côtes font eſcarpées en contre-haut, ou dreſſées en contre-bas avec talut, pour empêcher l’éboulement des terres, & retenir les chauſſées faites de terre rapportée. La conſtruction des Berges pour les chemins eſt une choſe toute méchanique, & qui ne demande que de l’attention à bien affermir les terres, ou, ſuivant leur qualité, à leur planter des buiſſons, afin de les contenir par l’entrelacement de leurs racines. Les Berges des fleuves & des rivieres ſont de plus grande conſéquence, parce qu’elles ſont expoſées au courant de l’eau, qui travaille ſans ceſſe à les détruire. Auſſi ont-elles fait dans tous les tems le ſujet d’un travail important pour les Ingénieurs des Ponts & Chauſſées. Pour en déterminer la conſtruction, il faut connoître la vîteſſe du courant auquel elles ſont expoſées, & être inſtruit des écarts du fleuve même. La méchanique, proprement dite, s’applique alors à ces connoiſſances, & cette application dévoile deux régles fondamentales à la conſtruction des Berges. La premiere eſt : Que la force moyenne de l’eau ſur leur ſurface eſt exprimée par la moitié de la diagonale répondant à la plus grande profondeur. La ſeconde règle eſt telle : Les Berges dont la ſurface intérieure eſt inclinée, ne ſe reſſentent de la vîteſſe du fleuve, que par ce qu’elles ont d’horizontal ; ce qui eſt toujours exprimé par la ligne qui marque leur talut. On trouvera le développement de ces régles dans l’Architecture Hydraulique de M. Belidor, ſeconde Part. tom. 2. liv. IV. ch. 1.

BERME, ſ. f. C’eſt un chemin qu’on laiſſe entre une levée & le bord d’un canal, ou d’un foſſé, pour empêcher que les terres de la levée, venant à s’ébouler, ne le rempliſſent.

BÉTON, ſ. m. Sorte de mortier qu’on jette dans les fondemens, & qui ſe durcit extrêmement. Il ſe pétrifie dans la terre, & devient dur comme un roc. M. Belidor recommande beaucoup l’uſage du Béton dans les fondemens des ouvrages hydrauliques, & il explique avec ſoin comment on doit l’employer. (Voyez l’Architecture Hydraulique, tom. 2. de la ſeconde Part. liv. III. ch. X.)

Voici d’après lui la compoſition de ce mortier. On forme ſur un terrein bien uni & bien battu, une bordure circulaire compoſée de douze parties de pozzolane, de terraſſe de Hollande, ou de cendrée de Tournai, (Voyez Pozzolane & Mortier) ſur laquelle on met ſix parties de ſable bien grené & non terreux, & répandu également : on remplit l’intérieur de ce cercle de neuf parties de chaux vive, bien cuite & concaſſée avec une maſſe de fer, afin qu’elle s’éteigne plus vîte ; on y jette enſuite de l’eau, (on doit prendre de l’eau de mer pour les ouvrages maritimes) & on y mêle, comme en faiſant le mortier ordinaire, la terre qui ſert de bordure. Lorſque le tout eſt bien mêlé, on y jette treize parties de recoupes de pierres, & trois de mâchefer concaſſé, ou, à leur défaut, treize parties de recoupes & blocailles de pierre ou de cailloux, dont la groſſeur ne doit point ſurpaſſer celle d’un œuf de poule. On