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Page:Avril de Sainte-Croix - Le Feminisme.djvu/21

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nes d’entre elles jouer un rôle marquant dans l’histoire ; et, si l’on remonte plus loin encore, si l’on considère la situation de la femme chez les peuplades primitives, on la trouve souvent, en tenant compte des différences de milieux, supérieure à celle de la femme dans la société actuelle.

Mais, ces constatations faites, on est bien obligé, lorsque l’on veut écrire l’histoire du féminisme, c’est-à-dire l’histoire de l’éveil de la femme à la vie sociale et politique, de reconnaître que ce sont là des faits qui, s’ils peuvent servir d’arguments à la thèse de l’égalité des sexes, n’ont rien de commun avec les revendications féministes.

Les prérogatives dont jouirent les femmes dans la horde, le clan ou la famille, l’influence que purent avoir plus tard telles d’entre elles, supérieures par leur intelligence ou simplement leur beauté, ne furent jamais le fait de leur volonté, d’un droit reconnu, mais bien, dès les temps les plus anciens, le résultat de nécessités passagères pour le mâle de concéder à la femme, en vue de ses besoins ou de son plaisir à lui, plus de liberté ou de puissance, puissance et liberté par lui toujours révocables.

Le féminisme, dont l’histoire est encore à écrire, — je ne veux tracer ici qu’une esquisse, — date seulement, en réalité, de la fin du xviiie siècle. Jusque-là, si des femmes de haute valeur morale ou de grande intelligence laissent dans l’histoire, dans la science, dans l’art, une trace lumineuse, ce ne sont, pour ceux-là même qui les admirent, que des « phénomènes ».