Page:Azaïs - À M. le Vte de Châteaubriand, pair de France.djvu/10

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La mobilité, trop naturelle au cœur humain, vous a-t-elle retiré d’une position si honorable ? Ou bien… (Est-ce votre secret que je vais dire ? Est-ce encore une révélation que je vais faire d’une des faiblesses de l’humanité ?) Avez-vous opprimé vous-même vos dispositions généreuses ? Vous trouvant lié par votre nom, par celui de vos ancêtres, par vos affections au parti des hommes qui veulent que les sociétés s’arrêtent, et n’ayant pu réussir à les éclairer, à les ramener, à leur imprimer les mouvemens de votre raison, avez-vous cru plus convenable à vos besoins d’action et de renommée, de céder à l’impulsion de ces hommes passionnés, de la dépasser même en ardeur, en véhémence, afin de rester à leur tête, afin de saisir l’autorité d’un chef de parti, et d’en diriger l’influence ?

Pardonnez, Monsieur, si je cherche avec une sorte d’anxiété l’explication de votre situation politique ; vos talens sont d’un ordre si élevé, et vous aviez donné un si beau gage à la sagesse, que l’étonnement