Page:Azaïs - Jugement philosophique sur J.J. Rousseau et sur Voltaire.djvu/48

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dignation, causées par la turpitude des mœurs précédentes ; bientôt on se lassa des intentions nobles et sages ; on s’abandonna à d’étonnantes folies ; on n’eut, en quelque sorte, pour guide, que l’imprévoyance. C’est la pente naturelle des hommes qui, par une longue possession de fortune, de pouvoir et de privilèges, ont pris l’habitude de croire qu’ils peuvent tout vouloir sans qu’on leur résiste, et tout faire sans s’exposer à en souffrir.

La révolution naquit du besoin d’arrêter tous les genres de désordre ; mais elle fut excessive comme le désordre qui l’avait amenée ; les idées revinrent en arrière ; on regretta le temps et l’empire des privilèges ; on chercha à les rétablir ; et c’est ainsi que par des efforts insensés en faveur d’institutions devenues impossibles, on ne fit que ranimer l’antagonisme révolutionnaire, et reculer, par la discorde, le règne de la modération.


Voltaire, comme je l’ai dit, fut reçu dès sa jeunesse à la cour du régent ; c’est là que, pour ainsi dire, il trempa ses premières armes ; et là, on s’excitait à se mettre, sous tous les rapports, en contraste avec la dernière cour de Louis XIV. Les opinions religieuses étaient