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Page:Bégule - L’Abbaye de Fontenay et l’architecture cistercienne.pdf/164

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125. Réfectoire de Santa-Maria-de-Huerta.

complet ; mais, la clôture étant des plus sévères, l’intérieur est à peu près inaccessible. Les bâtiments réguliers sont situés au midi de l’église orientée et indépendamment du grand cloître, renfermant le lavabo (B) dans l’angle nord-est du préau ; un second cloître (A), plus petit, se développe à l’est, comme à Cîteaux. La salle capitulaire, avec sa voûte d’ogives portée sur des faisceaux de colonnettes, est la plus élégante que les cisterciens aient bâtie en Espagne, mais l’architecture est composite et moins franchement bourguignonne qu’à Poblet. Les voûtes du chœur et du transept de l’église sont de tracé angevin et les chapiteaux à feuillages des colonnes des portes ne rappellent plus l’austérité cistercienne. Aux formes fleuries de l’art de la fin du xiiie siècle s’ajoutent, de la façon la plus étrange et la plus pittoresque, des décorations de stuc à dessins « mudéjars » exécutés dans le siècle de saint Ferdinand par des Mores soumis.

Quelle que soit la variété des détails, l’unité de plan de toutes ces constructions monastiques est constante depuis l’Angleterre jusqu’à l’Italie, depuis le Brabant jusqu’à la Castille. Dans toutes les abbayes que nous venons de parcourir, les moines de Fontenay auraient pu se trouver chez eux au bout d’une heure. À peine auraient-ils dû, à Poblet par exemple, sortir de l’église à leur gauche et non à leur droite, pour passer au cloître et au réfectoire. Chacune de ces grandes maisons que l’Ordre de Cîteaux a fondées dans une moitié de l’Europe apparaît comme un même corps de constructions, formé par une même règle, préparé pour une même vie, et qui semble encore habité par une même âme.