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de huit colonnettes, formant deux nefs, et recevant les retombées de douze voûtes sur croisées d’ogives[1] ; un important tronçon de ces piliers, ainsi que la base sur laquelle il reposait, est conservé parmi les débris de sculpture réunis dans l’église.

Ph. C. Eslart.
44. Réfectoire de l’abbaye de Fossanova, chaire du lecteur.

Quatre longues fenêtres en tiers-point et superposées s’ouvraient dans chaque travée, répandant dans le réfectoire une abondante lumière. Celles de l’étage supérieur étaient encadrées d’une archivolte formée par un tore et un cavet et reposant sur d’élégants chapiteaux à crochets feuillages, qui couronnaient de hautes et minces colonnettes engagées. Quatre fenêtres semblables s’ouvraient également dans le mur du pignon sud. Au-dessous des fenêtres hautes, un bandeau régnait sur toute la longueur des parois, supporté, entre les fenêtres basses, par des colonnettes surmontées de chapiteaux à feuillages lancéolés. Ces colonnettes, alternativement simples ou groupées par faisceaux de trois, à l’aplomb des retombées des arcs d’ogives des voûtes, s’arrêtent à deux mètres du sol et sont amorties par des culots coniques dont l’extrémité semble rentrer dans la muraille. Ce détail de construction, très fréquent en Bourgogne et, en particulier, à Saint-Bénigne de Dijon, au déambulatoire de Pontigny, etc., a été souvent exporté par les cisterciens dans d’autres régions : en Angleterre, à Fountains et à Kirkstall ; en Italie, à Casamari, Fossanova, San-Martino, etc[2].

La raison d’être de cette disposition, tout au moins dans le cas actuel, était de laisser libre la partie inférieure des murs, le long desquels étaient alignées les tables des religieux.

  1. Cette disposition, fort élégante, se retrouve fréquemment et en particulier à la Bussière, à Saint-Martin-des-Champs, à Paris ; au mont Saint-Michel, à Beauport (Côtes-du-Nord), à Saint-François de Nicosie (Chypre), etc.
  2. Cf. Enlart, Origines françaises de l’architecture gothique en Italie, p. 271.