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verre de couleur avait à peu près disparu du royaume. Pour les églises, comme pour les habitations privées (fig. l0), on se contentait, le plus souvent, de vitreries, mises en plombs, aux combinaisons géométriques généralement en losanges, en croix de Saint-André ou même en rectangles.

Les grands privilèges accordés jadis aux peintres verriers tombaient en désuétude, tandis que la peinture à l’huile prenait toujours plus de laveur. Il y a lieu de constater avec M. Lucien Magne que « la décadence de l’art du verrier coïncide avec l’application des émaux au vitrail. sous Henri II. Ce procédé nouveau qui semblait devoir accroître les ressources du peintre verrier en lui fournissant le moyen de réaliser toutes les nuances, sans être astreint à l’obligation des plombs, fut une cause de nouvelles erreurs ».

Enfin les règnes de Louis XIV et de Louis XV virent l’agonie de ce grand art du Moyen Âge. Devenu un simple article commercial, le vitrail d’église ne se compose plus guère, pour les grandes surfaces, que de combinaisons géométrales en vitreries blanches montées en plombs. Parfois, on y adapte encore de grandes figures émaillées sur verre blanc, mais sans caractère et lourdement exécutées ; tels les grands personnages rapportés dans les fenêtres hautes de l’abside de l’église Saint-Maurice, à Vienne (Isère). Les bordures ne sont plus que des torsades, des combinaisons de fleurons, nuancés de jaune à l’argent, comme à la chapelle du château de Versailles, ou encore des guirlandes de feuillages émaillés sur verre blanc avec des touches de rouge capucine. L’église de Neuville-sur-Saône nous offrira un intéressant exemple de ce dernier parti.

Les peintres verriers n’étaient donc plus, à proprement parler, que de simples vitriers. Mais ils conservaient encore le régime corporatif, transformé en confrérie, bien que les privilèges des corporations fussent amoindris et la liberté du travail plus étendue par les ordonnances royales.

Le règlement des a maîtres vitriers, peintres sur verres de la ville et fauxbourgs de Lyon a approuvé par le Consulat en 1724, a été en vigueur jusqu’à la Révolution et on y retrouve les grandes lignes de celui de 1496. Les obligations d’ordre religieux y sont maintenues ; par contre, la juridiction a définitivement passé des mains de l’autorité épiscopale à celles de la prévôté des marchands, et c’est de cette autorité purement laïque que dépendent les permis de réunions de la corporation. L’apprenti orphelin tombe en tutelle de la corporation qui pourvoit à la surveillance de sa conduite et de son instruction. Le nombre des apprentis est réduit à un seul par atelier. Diverses précautions sont prises contre certaines manifestations