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qu’inutile de chercher à faire ici une nomenclature des faits de vandalisme dont notre région eut à souffrir ; du moins, les progrès dans l’esprit public du sentiment de respect pour le passé pouvaient-ils faire espérer que de tels abus n’étaient plus à craindre de nos jours.

Or, il n’en est pas encore ainsi. Le remplacement par des vitraux modernes, dans le courant du siècle dernier, des très intéressantes peintures qui décoraient jusqu’alors la plupart des baies de la collégiale Notre-Dame des Marais à Villefranche-sur-Saône, est, malheureusement, loin d’être le seul exemple de ce vandalisme. En 1873, les précieuses verrières de l’abside de l’église de Cézériat (Ain), non loin de Brou, vraisemblablement de la même époque que celles de célèbre église de Marguerite d’Autriche, peut-être du même atelier, furent enlevées sur l’ordre exprès du Conseil de fabrique, pour être remplacées par de très médiocres productions modernes. Fort heureusement, ces trois verrières furent sauvées et figurent actuellement au Musée historique des Tissus de la Chambre de commerce de Lyon.

Voici un autre cas de vandalisme perpétré dans une charmante église des environs de Lyon, aux bords du Rhône, celle de Montluel (Ain). Vers 1885, nous avions admiré dans une très élégante chapelle latérale de cette église, de la plus pure Renaissance, une remarquable verrière, assez complète, quoique un peu détériorée, mais dont la restauration eût été relativement facile. Faute de temps, nous dûmes remettre à une autre visite le projet de la dessiner, et nous revenions, moins de deux ans plus tard, dans l’intention d’en faire un relevé exact. Quel ne fut pas notre étonnement de voir, à la place de l’ancien vitrail, une interprétation de l’apparition du Sacré-Cœur, exécutée de fraîche date. Dans le désir de retrouver au moins les débris de la verrière ancienne, nous ouvrîmes une enquête qui ne tarda pas à nous éclairer sur le sort qui leur avait été fait. Les panneaux avaient été relégués dans les combles, au-dessous des cloches, où il nous fut facile de retrouver un monceau informe de verres pilés et de plombs arrachés, piétinés consciencieusement par le sonneur. Malgré le travail le plus patient, nous n’avons pu parvenir à en assembler quelques fragments. Plusieurs têtes, d’une exécution charmante ; et certains détails de costume, admirablement traités, voilà tout ce qui restait de cette grande verrière à trois baies, retraçant, autant que nos souvenirs peuvent être fidèles, une scène de bataille où figuraient de nombreux hommes d’armes (probablement la victoire de Constantin).

Le vitrail de Rochefort, près de Saint-Martin-en-Haut, charmant morceau