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raisonnement eût été celui-ci : le mot Gastrimagia est composé de deux termes : Gaster désignant les appétits déréglés du ventre, et Magia, une puissance dominante. Pourquoi Castrimagia ne signifierait-il pas, étymologiquement, domination dans les appétits du ventre[1] ? Ou n’est—ce pas tout simplement un contresens du peintre-verrier peu lettré, prenant le nom latin de l’Intempérance pour celui de la Tempérance ?

Fig. 50. — La Colère
Les attitudes de ces, deux figures ; la Joie et la Douleur (6g. 40. a et 5), sont particulièrement expressives. On ne saurait s’étonner de rencontrer ces allégories qui ne sont ni des vertus cardinales, ni des péchés capitaux, car la plupart des théologiens du Moyen Âge décrivent longuement les Béatitudes dont les justes jouiront dans la vie future, opposées aux peines réservées aux réprouvés. Saint Anselme, à la fin du onzième siècle, en mentionne quatorze qui figurent à l’une des voussures du porche septentrional de Chartres.
Fig. 51. — La Patience

Dans le calice que la Patience élève de la main droite, on peut reconnaître la coupe d’amertume dont elle a été abreuvée (fig. 51). La Colère, ainsi que dans la rose de Notre-Dame de Paris et le vitrail d’Auxerre, ne pouvait être mieux personnifiée que par ce jeune homme qui se donne la mort avec son épée dans un moment d’égarement (fig. 50).

Fig. 52. — L’Orgueil
L’Humilité (fig. 53), les mains modestement croisées sur la poitrine, est opposée à l’Orgueil, source de tous les vices. Elle assiste à la chute de la Superbe, précipitée la tête en bas dans l’abîme (fig. 52).

Il est à regretter que, lors de la dernière restauration, on ne se soit pas donné la peine de replacer les médaillons des trois premiers rangs dans leur ordre ancien, tel qu’il avait

Fig. 53. — L’Humilité
  1. Monographie de la Cathédrale de Lyon, p. 136.