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Tout cet ensemble, d’une grande distinction de coloris et d’un dessin irréprochable, constitue l’une des plus belles verrières du quinzième siècle français. Ajoutons que la conservation est à peu près parfaite et que, lorsque nous fûmes, en 1886, chargé de la restaurer, nous n’eûmes qu’à compléter certaines parties des soubassements et quelques détails d’architecture.

Cl. L. B.)
Fig. 80. Architecture du vitrail de sainte Anne

Au centre, sainte Anne porte sur ses genoux deux fillettes qui semblent suivre attentivement la leçon sur le livre que la sainte tient à la main.

C’est une variante du groupe des trois générations, où sainte Arme est représentée, sur de nombreuses gravures allemandes du quinzième siècle, comme l’aïeule, avec la Vierge et l’Enfant Jésus. Mais, dans le vitrail, ni l’un ni l’autre des deux enfants ne porte le nimbe crucifère et tous deux ont les cheveux longs. De ces deux fillettes, l’une est certainement la Vierge et l’autre l’une des demi-sœurs de la vierge prédestinée, l’une des filles nées des deux maris que, d’après la légende, sainte Anne avait eus avant Joachim : Marie, fille de Cléophas ; Marie, fille de Salomé[1]. Le groupe du vitrail de Villefranche peut donc être signalé comme une véritable curiosité iconographique.

Peut-être la présence des deux Maries par celle de saint Jacques le Majeur qui était le fils de Marie Salomé. Le saint est debout dans la baie de droite, en costume de voyageur, s’appuyant sur son bourdon de pèlerin, la coquille au chapeau et la panetière suspendue au côté. Dans la baie de gauche, saint Pierre, caractérisé par la clef monumentale

  1. Sur les anciennes gravures qui représentent la famille de sainte Anne, par exemple dans l’Encomium trium Mariarum de 1529, les deux demi-sœurs aînées de la Vierge apparaissent comme des mères de famille, assises sur un banc, à côté de sainte Anne, tandis que Marie, fille de Joachim, est assise sur les genou de sa vieille mère. Cf. É. Mâle, l’Art religieux de la fin du Moyen Âge en France, p. 227, fig. 102.