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EN PRISON À BERLIN

tantes, et de nature à nuire aux intérêts allemands si elles étaient rapportées en Angleterre ?… Quoi qu’il en soit des raisons données par mon officier, le compartiment entier fut mis à notre disposition. Mais afin d’empêcher qu’il ne fut assiégé par les autres passagers, on avait pris la précaution de placer, contre la vitre de la porte ouvrant sur le couloir, un avis conçu en ces termes : Transport d’un prisonnier anglais, et sur une autre ligne, ce seul mot : Gefarlich ! : dangereux ! J’ai lu moi-même ce qui était ainsi affiché à mon sujet, et je n’ai pu m’empêcher d’en sourire.

Un train qui quitte la gare de Silésie, en destination de la Hollande, doit traverser la ville de Berlin et passer en face de la fameuse prison, la Stadtvogtei. J’avais été mis au courant de ce fait, et lorsque le train, filant déjà à une assez bonne vitesse, passa en face de la prison, j’étais à ma fenêtre pour laisser tomber un dernier regard sur ces murs gris sombre qui m’avaient séparé, pendant 3 ans, du monde extérieur. Quelle ne fut pas ma surprise d’apercevoir, au cinquième étage, dans une fenêtre que le nouveau sergent-major, — entre parenthèse, un homme convenable, — avait permis d’ouvrir, mes compagnons de captivité agitant leurs mouchoirs en signe d’adieu.

— Pauvres malheureux, pensais-je !…

Le lendemain matin, à 8 heures, nous arrivions à Essen, la ville fameuse où se trouvent les usines Krupp. Nous devions changer de train, à cet endroit, et il nous fallut marcher pendant quinze ou vingt