Page:Béland - Mille et un jours en prison à Berlin, 1919.djvu/185

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
182
MILLE ET UN JOURS

seul imprimé était le titre gravé sur la couverture. Mais cela ne parvint pas à convaincre ce sous-officier obtus qu’il n’y avait aucun danger pour son empire à laisser passer ce mot allemand écrit en lettres dorées.

L’officier Block qui m’accompagnait, et me connaissait très bien, était manifestement ennuyé. Alors je hasardai cette remarque :

— « Je regrette énormément ce procédé, car de la façon dont vous y allez, toutes mes chemises, tous mes faux-cols, toutes mes manchettes seront retenus. »

Il me regarda et ne parut pas comprendre.

— « Non, dit-il, non… pourquoi confisquerai-je ces articles ? »…

— « Mais, parce que des mots y sont imprimés : et ce qui plus est, ces mots imprimés sont des noms de firmes anglaises ou américaines ! »

Mon inspecteur, vexé, embarrassé, rougit jusqu’aux oreilles, prit le calepin, le passa à l’officier Block, sans dire un mot, mais le geste qu’il fit nous indiqua assez qu’il voulait se libérer de toute responsabilité, mais que si l’officier, lui, voulait courir le danger de me remettre le calepin portant un mot imprimé, il était libre de le faire. L’officier n’hésita pas un moment : il me remit le petit cahier, que j’eus la satisfaction d’apporter avec moi.

Un bon nombre de photographies qui m’avaient été adressées, soit de Belgique, soit du Canada, furent