— « Monsieur, dit-il, vous vous seriez évité l’ennui d’être amené ici, sous escorte militaire, si vous vous étiez « rapporté » comme c’était votre devoir de le faire ! »
— « J’ignorais, Monsieur, qu’il fût de mon devoir de me « rapporter ».
— « C’est faux, reprend l’officier en haussant le ton notablement, c’est faux. J’ai fait afficher dans toutes les communes de la province d’Anvers un avis enjoignant à tous les sujets des pays en guerre avec l’Allemagne de se « rapporter » dès avant telle date. Vous ne pouviez pas l’ignorer. »
— « Assurément, je l’ignorais !… Où donc, à Capellen, avez-vous fait afficher cet avis ? »
— « À la maison communale. »
— « Eh ! bien, j’habite à un kilomètre de la maison communale et je n’y vais jamais. »
— « Il est inutile de tenter une explication, vous vous êtes sciemment et volontairement soustrait à la surveillance militaire, et remarquez, dit-il, que cela est très sérieux. »
— « Monsieur, lorsque vous affirmez que je me suis soustrait à la surveillance policière, vous vous mettez en contradiction avec les faits. Ce que vous dites là n’est pas conforme à la vérité. »
Comme poussé par un ressort, l’officier était debout :
— « Comment ?… dit-il. Qu’est-ce que vous voulez dire ? »