Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 1.pdf/150

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Gens que l’avarice dévore,
Pour votre or soudain j’ai frémi.
Prêtez-m’en donc, prêtez encore :
Autant de pris sur l’ennemi !

Je possède jeune maîtresse,
Qui va courir bien des dangers.
Au fond, je crois que la traîtresse
Désire un peu les étrangers.
Certains excès que l’on déplore
Ne l’épouvantent qu’à demi.
Mais cette nuit me reste encore :
Autant de pris sur l’ennemi !

Amis, s’il n’est plus d’espérance,
Jurons, au risque du trépas,
Que pour l’ennemi de la France
Nos voix ne résonneront pas.
Mais il ne faut point qu’on ignore
Qu’en chantant le cygne a fini.
Toujours Français, chantons encore :
Autant de pris sur l’ennemi !