Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 1.pdf/311

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        On te déchire, et cet outrage
        Auprès d’elle enchaîne mes pas.
Lisette a mis deux jours à tant d’ouvrage :
Mon vieil ami, ne nous séparons pas.

T’ai-je imprégné des flots de musc et d’ambre
        Qu’un fat exhale en se mirant ?
M’a-t-on jamais vu dans une antichambre
        T’exposer au mépris d’un grand ?
        Pour des rubans la France entière
        Fut en proie à de longs débats ;
La fleur des champs brille à ta boutonnière :
Mon vieil ami, ne nous séparons pas.

Ne crains plus tant ces jours de courses vaines
        Où notre destin fut pareil ;
Ces jours mêlés de plaisirs et de peines,
        Mêlés de pluie et de soleil.
        Je dois bientôt, il me le semble,
        Mettre pour jamais habit bas.
Attends un peu ; nous finirons ensemble :
Mon vieil ami, ne nous séparons pas.