J’élève de nobles trophées ;
Je transporte au loin des palais.
Sur le trône ceux que je place,
D’être aimés sentent le besoin.
Mes amis, laissez-moi, de grâce,
Laissez-moi dans mon petit coin.
C’est là que mon âme a des ailes :
Je vole, et, joyeux séraphin,
Je vois aux flammes éternelles
Nos rois précipités sans fin.
Un seul échappe de leur race ;
De sa gloire je suis témoin.
Mes amis, laissez-moi, de grâce,
Laissez-moi dans mon petit coin.
Je forme ainsi pour ma patrie
Des vœux que le ciel entend bien.
Respectez donc ma rêverie :
Votre monde ne me vaut rien.
De mes jours filés au Parnasse
Daignent les Muses prendre soin !
Mes amis, laissez-moi, de grâce,
Laissez-moi dans mon petit coin.