Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 1.pdf/363

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        Puis j’irais dans le bocage,
        Où des buveurs en gaîté,
        Attendris par mon ramage,
        Ne boiraient qu’à la beauté.
        Puis ma chanson favorite,
        Aux guerriers qu’on déshérite
        Ferait chérir le hameau.
Je volerais vite, vite, vite,
        Si j’étais petit oiseau.

        Puis j’irais sur les tourelles
        Où sont de pauvres captifs,
        En leur cachant bien mes ailes,
        Former des accords plaintifs.
        L’un sourit à ma visite ;
        L’autre rêve, dans son gîte,
        Aux champs où fut son berceau.
Je volerais vite, vite, vite,
        Si j’étais petit oiseau.

        Puis, voulant rendre sensible
        Un roi qui fuirait l’ennui,
        Sur un olivier paisible
        J’irais chanter près de lui,
        Puis j’irais jusqu’où s’abrite
        Quelque famille proscrite,
        Porter de l’arbre un rameau.
Je volerais vite, vite, vite,
        Si j’étais petit oiseau.

        Puis, jusques où naît l’aurore,
        Vous, méchants, je vous fuirais,