Page:Béranger, oeuvres complètes - tome 2.pdf/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Qui lui venait de bien haut,
Il buvait frais au temps chaud,
Vivant en bon gentilhomme,
Et chacun avait grand soin
De le saluer de loin.

Mais la mort rien ne respecte ;
Elle vient nous le ravir,
Quand il pouvait nous servir
Contre tous ceux qu’on suspecte ;
Il meurt en disant : Corbleu !
J’aurais été cordon bleu.

Des nobles portent sa bière ;
Nos magistrats sont en deuil ;
Le clergé, la larme à l’œil,
Marche avec croix et bannière.
Ainsi l’on ne dira pas
Que les prêtres sont ingrats.

On vient d’écrire au Saint-Père
Pour qu’il soit canonisé.
Quoique ce soit bien usé,
Dans peu l’on verra, j’espère,
Nos loups, chassant les brebis,
Lui dire : Ora pro nobis !

En attendant ses reliques
Qu’à Mont-Rouge on bénira,
Ses exploits on donnera
En exemple aux catholiques,
Afin que sans examen
Chacun d’eux l’imite. Amen.